Chiffres

Selon une étude de l’Observatoire national du suicide datant de février 2016, c’est dans les Côtes d’Armor que le taux de suicide est le plus élevé en France. Sur 100 000 habitants, 30,5 seraient en effet passés à l’acte en 2012. Les agriculteurs constituent une « population à risque » avec la crise de ces dernières années.

Pour autant, se procurer les données du suicide chez les agriculteurs est très difficile pour plusieurs raisons. D’abord, toutes les morts par suicide ne sont pas considérées comme accident du travail, les données restent très confidentielles quand elles existent et les démarches sont souvent lourdes. Un travail qui n’est pas facilité par l’antériorité des données, les dernières datant de 2007 à 2009. Sur cette période, l’INVS (Institut national de veille sanitaire) avait avancé le chiffre de 417 suicides chez les hommes agriculteurs et 68 chez les femmes.

Des chiffres contestés par Jacques Jeffredo, maraîcher dans le Morbihan et très investi dans la lutte contre le suicide agricole. Il avait érigé 600 croix blanches sur le parvis de la basilique Saint-Anne d’Auray en octobre 2015. « Dans les cantons voisins, il y a eu environ un agriculteur qui s’est suicidé ces 20 dernières années. Il y a 22 000 communes rurales en France, il suffit de multiplier. On arrive à 2 agriculteurs qui se donnent la mort chaque jour dans le pays. » Une vision contestée par Christine Gosset, responsable de la cellule prévention à la MSA Armorique. « Le problème, c’est qu’il prend les chiffres du Morbihan et les multiplie au niveau national. » Une erreur qui donne des chiffres démesurés, puisque la Bretagne est, probablement, compte tenu des différentes statistiques, une Région très fortement touchée par le suicide agricole.

L’INVS de son côté procède en comparant la liste de tous les agriculteurs décédés, toutes causes confondues, fournie par la MSA, avec l’ensemble des déclarations de décès indiquant que l’agriculteur s’est suicidé. « L’INVS considère qu’il y a une marge d’erreur de 10%, parce que les médecins ne sont pas obligés de déclarer qu’il s’agit d’un suicide », détaille Christine Gosset. En 2016, une nouvelle étude de l’INVS devrait donner des chiffres plus récents, entre 2010 et 2011, et plus précis du suicide chez les agriculteurs.